Toute ces images sont des photographies d’écran d’ordinateur.
Ces clichés sont tirés de documentaires traitant différents sujets (guerre, sport, nature…) et que l’on trouve sur Internet.
C’est une double réflexion, une recherche afin de remettre la forme en question pour mieux interroger le fond, revisiter le sens.
Les images telles qu’elles apparaissent ici ont subi trois transformations importantes amenant différentes dégradations. Les films originaux ont d’abord été numérisés puis mis en ligne et enfin pris en photo à travers un écran.
Le second point concerne le fond. Au départ, il n’y a qu’un ensemble de vidéos sans aucun lien entre elles. Au final, toutes ces vidéos se transforment en photographies qui forment un voyage, une narration.
Cette série est évidemment très flou et laisse une grande part au mystère et à l’imaginaire du spectateur. Il interroge également le sens, le pouvoir de l’image.
L’agence m’avait contacté pour un petit reportage sur les rues de la ville. Un boulot tranquille et bien payé.
Je me retrouve donc un matin à déambuler l’appareil à la main, parmi une foule d’anonymes, pas encore réveillés mais déjà en mouvement. Travailleurs de toutes classes, marchant ensemble, vers un avenir bien différent.
Après deux heures de marche et quelques dizaines de clichés dans la boîte, je m’éloigne du centre de la cité. Les passants sont de plus en plus rares et l’horizon se dévoile peu à peu. Je longe la voie ferrée menant aux anciennes usines. Les habitations ont disparu. Je traverse une sorte de désert. Endroit étrange, si silencieux, sans vie… Le ciel aussi a disparu.
Comme envoûté par ce paysage de désolation, je continue d’avancer. Soudain, les vielles usines apparaissent devant moi. Mirages d’acier, hideux titans, les grues provoquent toujours le ciel. Aujourd’hui désaffectées, ces immenses bâtisses témoignent du glorieux passé industriel de la ville… Mais aujourd’hui, les machines ne broient plus.
Je m’aventure au coeur de cette gigantesque friche et constate avec étonnement que des cheminées fument encore… Endroit étrange, si silencieux, sans vie… Dans ce décor chaotique, il me semble voir des ombres s’agiter entre les bâtiments. Il fait de plus en plus chaud. L’air est de plus en plus lourd, irrespirable, mais je continue d’avancer. Je ne suis pas seul. Des gens vivent ici. J’ai l’impression qu’ils m’observent. Des corps se manifestent sans bruit. Je distingue des visages sans vie. Acier, fumée. Ils ne me prêtent aucune attention. Ils marchent. Je les suis.
Ils marchent sans but. Armées vaincues. Ombres floues dans un désert pas très net. Des gens vivaient ici… La poussière m’enveloppe. Irrespirable. Brusquement, les ombres s’agitent, se mettent à courir et disparaissent dans un épais brouillard. J’erre. Seul. Les champs sont recouverts d’un sable épais. Résidus des machines. Des gens vivaient ici… Je marche… Il faut que je retourne en ville. J’ai un travail à finir… J’ai… Où sont-ils ? Silencieux, sans vie… Là bas… On dirait une vache. Je marche sans but… Une ombre… Je cours…
JhëroLuz
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